ARCHIVES (1997)

Les lecteurs ont la parole
Toute réaction est la bienvenue!

A propos des cadeaux d’anniversaire

A la veille de ses 4 ans, notre fille aînée avait déjà 3 anniversaires et 3 Noël derrière elle et reçu le volume de cadeaux correspondant. Malgré les prières faites à la famille et aux amis: «elle n’a besoin de rien», «une petite chose suffira», «la chambre est minuscule», nous n’avions pu éviter les cadeaux démesurés (en taille et en prix), les jeux bien en avance sur l’âge, les incontournables babioles à la mode achetées en dernière minute parce qu’on n’ose pas arriver les mains vides et - les pires - les cadeaux qui préviennent les désirs et ne laissent par définition même plus à l’enfant le temps d’avoir envie d’un objet et de l’attendre un peu.
Donner ce qui ne plaît pas à une oeuvre caritative n’est pas une solution; en effet quelle image du cadeau transmettrions-nous ainsi à l’enfant? Sans parler du malaise vis-à-vis du donateur...
Il devenait donc urgent de trouver une solution, d’autant qu’une petite soeur occupait également la très petite chambre et recevait, elle aussi, des cadeaux. J’avais déjà plusieurs fois ajouté au bas des invitations une exhortation sensée autoriser les invités à apporter quelque chose de périssable (crayons de couleur, papier, biscuits) ou même rien, mais cela n’avait pas été compris. La formulation était sans doute trop douce, trop floue.
De voir que quelqu’un avait osé et n’avait pas pour autant déclenché un cataclysme m’a donné le courage d’oser également.
C’est ainsi que j’ai, à peu de chose près, repris telle quelle la phrase ci-dessous (extraite du No 10 de novembre 1995 des Entretiens sur l’éducation) au bas de l’invitation aux enfants de nos amis: «Pour des motifs de lutte anti-consommation, nous suggérons que notre fille ne reçoive pas de cadeaux achetés, mais éventuellement de petites choses faites par vos enfants. Ceux qui viennent sans cadeau sont aussi bienvenus que les autres!».
Ça n’a laissé personne indifférent. Plusieurs parents ont été enthousiasmés, quelques-uns ont admiré mon courage (!), chez d’autres un silence de mauvaise augure m’a fait redouter d’avoir perdu des amis.
Le jour de la fête, tout le monde avait joué le jeu. Parents et enfants s’étaient surpassés et chacun avait été très créatif. Certains m’ont avoué en avoir assez de cette surenchère qui oblige maintenant à offrir à ses petits invités un «cadeau» toujours plus important. La fête, les gâteaux, n’est-ce pas cela que l’on emporte en rentrant d’un anniversaire?
Au mois de mai prochain, notre deuxième fille fête ses 3 ans et nous comptons bien ne pas perdre la bonne habitude qui a été prise.

Véronique

Retour au sommaire 97

 

  Informations :
info@entretiens.ch
  Réalisation du site:
NetOpera/PhotOpera
 

© Entretiens sur
l'Education, 2000

Accueil Articles Archives Abonnements Adresses Le journal Archives