ARCHIVES (1997)

Que «valons-nous»?

Une brochure sur l’évaluation du travail familial et domestique non rémunéré vient d’être publiée par le Collège du Travail, le Syndicat des personnes actives au foyer à temps complet ou partiel et le Bureau de l’égalité. Ceci non dans le but immédiat que les femmes soient rétribuées pour le travail accompli à la maison, mais en cas d’empêchement majeur (accident grave, invalidité, décès). Nous voyons ainsi le travail en fonction du coût de remplacement de nos activités; le texte contient des exemples concrets avec jurisprudence en rapport aux assurances.
L’égalité des droits entre hommes et femmes est inscrite dans la Constitution fédérale depuis 1981. Dès 1973, l’Alliance des sociétés féminines s’est penchée sur le travail à domicile, mais ce n’est que récemment qu’une évaluation analytique des fonctions accomplies a été faite, reconnaissant que le travail familial et domestique a une valeur économique même s’il s’agit d’une activité non marchande (qui ne s’échange pas contre un salaire!).
Le canton de Genève a examiné les compétences en fonction des grilles de salaire de ses fonctionnaires. Il a retenu trois types de ménages:
1. deux personnes: salaire de 33,90 Fr. l’heure;
2. plusieurs personnes (adultes ou/et enfants): 35,50 Fr. l’heure;
3. lourdes charges (naissances multiples ou handicapés): 37,10 Fr.
l’heure.
Les heures varient entre 34 et 88 h. par semaine pour des exigences moyennes. Il est intéressant de voir que les heures de travail ne sont pas calculées selon le temps de travail de la femme seulement, mais selon l’activité du foyer; ainsi les maris effectuent entre 5 et 13 h. de travail hebdomadaire. Le temps de surveillance est considéré comme travail.
Prenons l’exemple d’une famille de deux adultes avec deux enfants (5 et 3 ans). Le calcul des heures est le suivant:
Exécution des tâches 29 h.
Gestion des produits 2 h.
Gestion administrative et financière 3 h.
Gestion des loisirs 4 h.
Tâches éducatives et scolaires 16 h.
Relations humaines 4 h.
Total 58 h.
Madame exécute 51 h. dans cet exemple, Monsieur 7 h. L’évaluation globale est de 8’854 Fr. par mois dont 7’785 Fr. pour l’épouse.
Dans cette même étude, on peut relever:
1. le conjoint chômeur participe seulement 2 h. de plus par semaine;
2. les prestations féminines chez les retraités constituent plus du double
des masculines (28,3 h. par semaine pour elles, 10,7 h. pour eux).
Un point à remarquer encore: dans la dixième révision de l’AVS (entrée en vigueur le 1.1.1997) le peuple suisse a accepté que le travail non rémunéré au sein de la famille soit pris en considération dans le calcul des rentes.
Nous voilà «requinquées» sur notre valeur économique, sinon marchande! Bien sûr, l’étude est beaucoup plus fouillée et tient compte de nombreux paramètres: je n’en ai présenté qu’un aperçu.
Ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans cette enquête, c’est:
1. l’importance reconnue aux femmes tant en valeur de qualité que de
temps: toutes, nous accomplissons les tâches décrites, mais nous ne
nous rendons pas compte des heures qu’elles représentent...
2. la vision du travail global accompli quotidiennement, hebdomadai-
rement. N’avons-nous pas trop souvent l’impression que tout repose
sur nous? De voir chiffré la part du conjoint est réconfortant, c’est une
porte ouverte pour un partage mieux négocié.
3. jamais je n’aurais osé espérer une telle valorisation!

Monique

Celles qui sont intéressées d’en savoir plus peuvent s’adresser au Collège du Travail / SPAF, 11, rue des Maraîchers, 1205 Genève (Comment évaluer la valeur marchande du travail familial et domestique non rétribué, Analyse de la jurisprudence et méthodes d’évaluation. Octobre 1996)

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