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(1997)
La
politique suisse «de la drogue»
La
politique actuelle en matière de toxicomanies fait lobjet
dun large consensus entre les milieux politiques décideurs
et les divers acteurs sociaux en prise directe avec le problème.
Ceci ne doit pas être une raison pour occulter les débats
de fond qui ont sous-tendu toutes les décisions. Les deux
initiatives populaires pour lesquelles nous voterons en 1997 et
1998, ainsi que des critiques émanant de létranger
et de lintérieur nous donnent loccasion den
discuter.
La politique actuelle est celle dite «des quatre piliers»,
ce qui signifie qu'elle suit quatre axes dégale importance.
Nous en résumons sommairement les lignes directrices:
1)
la prévention: en milieu scolaire, elle privilégie
actuellement linformation dans des cours «déducation
à la santé»; elle intègre les informations
spécifiques aux produits dans la discussion des conduites
à risque. Elle cherche ainsi à travailler sur des
images «positives» utiles à la construction de
la personnalité de lenfant.
Dans le cadre de la Cité, la prévention cherche à
mettre en réseau tous les acteurs de la communauté
et à promouvoir toute activité propre à faciliter
lintégration des jeunes dans leur désir de trouver
une place dans la collectivité.
2)
la thérapeutique: le principe de base est celui de la multiplicité
des types de prise en charge, qui devrait refléter:
a) la multiplicité des causes pouvant mener à la dépendance,
b) le degré divers datteinte à lautonomie
et à la santé des personnes
dépendantes causée par lusage de produits,
c) la différence de ressources intérieures disponibles
dun individu à
lautre pour le rétablissement de leur existence.
Le but implicite et explicite est toujours un accompagnement pluridisciplinaire
actif vers labstinence.
Tous les projets actuellement en cours font obligatoirement lobjet
dune évaluation scientifique qui doit nous permettre
à moyen terme de mieux savoir quel type de traitement convient
mieux à tel type de sujet, selon le modèle en usage
dans les autres disciplines médicales.
3)
laide à la survie: pour que les mesures thérapeutiques
puissent avoir un impact et un sens il faut prévoir pour
des sujets désinsérés un train de mesures qui
répondent à lexigence minimale dalimentation,
de logement, doccupation, etc. La prévention de maladies
mortelles telles que le sida ou les hépatites font partie
de ces mesures.
4)
la répression: elle a comme but principal de rendre inaccessibles
les produits dangereux et interdits, en conformité avec les
lois nationales et les conventions internationales. Elle sadressera
donc en priorité aux gros trafiquants. Dans la situation
actuelle de «prohibition», tous les actes en rapport
avec lusage des produits restent punissables et prennent une
place importante dans le maintien de lordre.
Lidéologie
qui sous-tend cette approche est celle de la solidarité entre
la société et un sous-groupe défavorisé
caractérisé par sa jeunesse et sa vulnérabilité
à lexclusion. Le principe de réalité
est celui quune société ne peut pas aller bien
si un sous-groupe important devient le symbole et le réservoir
de tous les maux médicaux et sociaux. Lanalyse des
facteurs qui régissent cette situation est dordre politique,
juridique, économique, moral, ethnologique, historique, etc.
La recherche de solution ne peut donc pas procéder de la
transcription juridique dun principe moral, ni dun article
de la Constitution. Cest peut-être la chance de la Suisse
dêtre un petit pays décentralisé et davoir
ainsi pu avancer dans un domaine éminemment complexe par
petits pas, en restant ouverte à la critique. Tout déséquilibre
entre les «quatre axes» met lensemble du projet
en péril.
Dr Gérard Eichenberger
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