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(1997)
Papa
tu mentends?
-
Dis, papa!
- Oui, attends... Tu te rends compte de ce que mon collègue
a osé me dire!
- Papa!
- Une minute. Tu vois que je parle avec ton oncle. Ah, ce bureau.
quelle pagaille! Comment veux-tu que je continue dans ces conditions?
- Papa, tu mentends?
- Oui, oui, je tentends. Mais cest sérieux ce
que je dis avec mon beau-frère. Pour une fois quon
passe une heure ensemble.
Une heure qui va durer tout laprès-midi comme à
chaque réunion de famille.
Michaël ne renoncera pas tout de suite. Il sobstine,
caresse le bras de son père, tire un pan de son veston, essaie
même de grimper sur ses genoux.
Peine perdue. Les soucis du bureau, la jalousie des collègues,
les injustices du patron accaparent toute lattention du père.
Pourtant, il laime bien son fils. «Dommage quil
ait pris cette habitude de chercher à attirer lattention
quand il se croit délaissé. Il est un peu collant
ce gosse en société».
Vous appelez ça coller? Moi, je dirais quil recherche
le contact avec son père. Pas nécessairement dans
lintention de perturber sa conversation passionnante. Mais
parce quil voudrait bien aussi avoir sa part déchanges.
Pas question quon fasse de lui le centre de ladmiration
générale. Mais lui accorder 20 minutes dattention
authentique, le temps pour lui de vérifier quil nest
pas un objet sans valeur perdu au milieu des adultes. Le temps de
recharger ses batteries.
Ne laissez pas échapper ces précieuses minutes où
votre fils vous réclame. Nattendez pas quil ait
16 ans pour lui dire tout à coup: «Fiston, viens ici.
Nous avons à parler tous les deux».
Marguerite Loutan
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