ARCHIVES (1998)

Le rire

L’autre jour, au chevet d’une vieille amie de 80 ans, j’essayais encore de la ramener à la vie, au souvenir. Elle fermait les yeux, presque déjà partie.
- Tu te rappelles comme on riait les deux et comme on faisait rire tous les gens avec nos histoires « avé l’accent vaudois »?
- Oui, je me rappelle. Comme on riait! On était des fofolles, tu ne crois pas? dit-elle les yeux fermés.
Puis plus tard:
- Comme on riait les deux!
Et c’est vrai qu’avec elle, je riais toujours. En effet pour rire, il nous faut généralement un partenaire, qui a le même sens du rire que nous, avec lequel on a une certaine connivence. On se comprend au quart de tour. Vous pouvez rire avec lui même si personne aux alentours ne comprend pourquoi vous riez! Un coup d’oeil, une situation hétéroclite, une bizarrerie, un souvenir, et le rire est déclenché. Cela fait tellement de bien, que si vous êtes dans une bonne ambiance vous pouvez accentuer votre rire, voire aller jusqu’au fou-rire. Quelquefois le fou-rire tombe au pire moment (pendant une conférence, par exemple) et la gêne qui en résulte vous fait rire encore plus! C’est le rire nerveux! Plus les gens vous regardent, plus vous êtes mal à l’aise et plus vous riez...
En société, si vous avez un certain sens de l’humour, et surtout que vous ne vous prenez pas trop au sérieux, vous pouvez rire à vos dépens... Au lieu de vous fâcher ou de vous vexer, vous vous mettez à rire avec les autres. Ce rire complice peut rapidement se transformer en pleurs. On pleure de rire, on rit aux larmes, c’est le cas de le dire.
Pour qu’une situation fasse rire, il faut qu’il y ait dans son déroulement une contradiction, une discordance, une incompatibilité, une exagération, un non-respect des rapports habituels entre les choses. L’humour doit surprendre.
Les bienfaits du rire sur la santé et le bien-être sont connus depuis longtemps. Dans certaines communautés d’Afrique, on organise des séances de rire collectif et chez les Peaux-Rouges, des hommes sont initiés au savoir « faire rire » pour faire fuir les mauvais esprits responsables des maladies.
En période de stress et de découragement, si vous pouvez rire, et rire de plus belle, vous vous défoulez et vous vous sentez mieux après, comme libéré d’un poids.
Il paraît qu’on peut déclencher le rire en faisant différents exercices. Cela ne serait plus un rire humoristique, mais purement physique! Certaines personnes se sont fait soigner par des séances de rire. Nous connaissons tous ces merveilleux clowns qui vont faire rire les petits enfants malades dans les hôpitaux.
Le rire des enfants est quelque chose de bienfaisant parce qu’ils rient spontanément. Il faudrait leur apprendre à le cultiver et à le développer, mais malheureusement en grandissant l’humour s’amenuise de jour en jour et chez nous, c’est connu, on rit peu... Dans notre société conventionnelle, il faut être sérieux.
Le rire dérange souvent et il est mal vu. Les « Pourquoi tu ris? », « Ris moins fort! » sont des phrases cinglantes que l’on entend dans nos familles surtout si l’autre n’est pas sur la même longueur d’onde... Au lieu d’en souffrir, pensons alors à notre héros national Ouin-Ouin qui riait tout seul quand il se racontait de nouvelles histoires! C’est vrai, personne ne nous empêche à la limite de rire tout seul simplement en regardant autour de nous... et il y a souvent de quoi rire... Regardons les enfants, et je vous assure que comme professeurs de rire, il n’y a pas mieux!

Maude

P.S.: « Le rire est à l’homme ce que la bière est à la pression. » (Pierre Dac)

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