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(1998)
Congé
maternité: entre deux systèmes, trouver
le bon
Il y a quelques semaines, lisant un article dans
le plus grand quotidien norvégien, je me suis tout à
coup sentie à mille lieues de ma Suisse natale. En effet
on y décrivait succinctement lhistoire du congé
maternité et relatait la nouvelle proposition du Parlement
qui voudrait introduire le congé « paternité »,
oui vous avez bien lu « paternité »
indépendamment du congé maternité. Lisez et
dites-moi si vous rêvez aussi!
Odd
Einar Dorum fut le premier député norvégien
à prendre un congé parental lors de la naissance de
son fils en automne 1977. Le congé que le député
avait sollicité ne dura en fait quune semaine, car
sa présence fut requise au Parlement pour voter une loi concernant
le budget. Quant aux femmes députées qui demandèrent
des congés, elles furent nombreuses à en bénéficier
dès les années 80.
Aujourdhui le gouvernement désire étendre les
droits du congé maternité au père; en effet,
seulement deux tiers des pères ont la possibilité
de prendre un congé, car ce droit est encore lié à
celui de la mère. Les hommes ne sont pas encore au bénéfice
dune « assurance paternité »
et le gouvernement centriste actuel propose quils aient droit
au congé indépendamment du fait que la mère
soit active professionnellement ou non. En 1991, lannée
où lon introduisit un congé de quatre semaines
pour les pères, 4 % dentre eux lutilisèrent.
Deux ans plus tard, le taux monta à 70 %, car en effet, la
ministre de lenfance usa dune douce autorité
en lançant lidée de la quote-part du père:
si les pères nutilisent pas les quatre semaines, la
famille sera amputée de cette partie du congé. Dans
certains cas seulement, la quote-part du père peut être
transférée sur celle de la mère. Cette réglementation
qui est aujourdhui en vigueur a bien entendu entraîné
une forte augmentation des demandes de congé parmi les pères.
Résumons-nous: en 10 ans, de 1987 à 1997, la Norvège
a passé dun congé parental de 12 semaines avec
100 % du salaire à un congé parental de 42 semaines
avec 100 % du salaire ou de 52 semaines avec 80 % du salaire, dont
bien entendu 4 semaines « obligatoirement réservées »
au père, sauf dérogation.
En 50 ans la Suisse a passé dune assurance maternité
inexistante à un semblant dassurance maternité
modulée par branche professionnelle et qui ne sapplique
que dans le cadre des conventions collectives. Beaucoup de femmes
nont pas accès à ces conventions, car leur entreprise
nest pas affiliée. Le congé est de 12 semaines,
dont 8 à prendre en principe après laccouchement.
Le congé pour le père nexiste pas non plus,
il a droit à deux jours de vacances payées lors de
la naissance de son enfant, sauf exception.
Deux pays, deux systèmes totalement différents qui
ont tous deux leurs qualités et leurs défauts. Difficile
de les comparer bien sûr.
Dun côté il y a la Norvège, démocratie
travailliste où siègent 9 ministres femmes sur un
total de 19 au gouvernement et dans lequel on trouve un nombre important
de femmes chefs dentreprise, où sévit une fiscalité
élevée, mais en baisse aujourdhui, grâce
à une économie très forte soutenue par les
revenus gigantesques du pétrole.
De lautre côté il y a la Suisse, empêtrée
dans des valeurs qui datent du début du siècle, démocratie
directe où toute décision prend des années
à être entérinée et où les femmes
sont relativement absentes des pouvoirs politiques et économiques.
Pays riche, dont les valeurs essentielles sont le travail bien fait,
lordre et la paix sociale, mais qui considère encore
que le fait davoir un enfant relève dune décision
essentiellement privée, nengageant que très
peu la responsabilité de lEtat!
Lannée 98 verra de nouveaux débats aux Chambres
Fédérales qui devraient aboutir à lintroduction
de lassurance-maternité. Peut-être pourraient-elles
sinspirer de quelques idées venues du nord?
Françoise
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