ARCHIVES (1998)

Gare à l’intello

- Maman, tu sais quel est le rêve de Solange?
- Non.
- Eh bien, c’est d’avoir un trois (sur six)!
Me voilà bien étonnée. Comment Solange, la meilleure de la classe peut-elle rêver d’avoir une mauvaise note? Ma fille me donne la clé de l’énigme: à chaque épreuve, toute la classe dit: « De toute façon Solange aura un six ». L’envie de cette première de classe n’est pas, en fait, d’avoir une note en dessous de la moyenne, mais d’être comme les autres.
Une de mes amies, excellente élève en son temps, me confirme la solitude des bons élèves. Ils ne font pas forcément envie, mais se sentent à part; et ceci est encore plus vrai pour les surdoués, qui souvent comprennent un problème avec tant de facilité qu’il leur est impossible de le décloisonner et de l’expliquer pas à pas à leurs camarades de classe. Ils sont perçus comme des égoïstes, ne voulant pas partager leur savoir.
Ceci m’est encore confirmé par un élève débutant le cycle d’orientation. Quand je lui demande s’il est content de sa nouvelle école, il me répond: « oui, tout va bien, je n’ai qu’un problème, c’est que ma moins bonne note est un cinq ». Devant mon air étonné, il ajoute: « Mes copains me traitent d’intello! ». Il craint de se sentir à part, différent de ses copains, ce qui est pire que tout, lorsqu’on est pré-adolescent.
Que faire pour les premiers de classe? Il est peut-être encore plus important que pour les autres élèves de les laisser se fondre dans la masse par leur « look », afin de leur éviter le plus possible, ce qualificatif « injurieux » d’intello.
Pourquoi est-ce tellement difficile d’être différent?

Laurence

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