ARCHIVES (1998)

Le respect

« Tu me les pompes, à la fin. Va dans ta chambre! » ne veut pas dire la même chose que « Je suis tellement fatiguée; j’ai besoin d’un quart d’heure de calme. S’il te plaît, va jouer dans ta chambre pendant ce temps ». Sentez-vous la différence? Si mes paroles expriment le respect que j’ai pour mon enfant, je peux aussi lui demander de me respecter.
De nombreux parents de jeunes enfants se demandent comment faire pour que leur bambin ne devienne pas un petit égoïste, mais qu’il puisse tout de même s’affirmer. Que leur dire? Qu’un petit enfant doit pouvoir expérimenter ce qu’est le respect des uns envers les autres et de chacun envers sa propre personne. Et concrètement? Qu’un enfant a besoin d’une éducation qui ressemble à un jardin, composé d’un coin confortable où il fait bon être en harmonie avec les autres, d’arbres pour grimper et mesurer ses forces et son courage, de zones de découvertes, d’un pré permettant de se défouler, de fleurs qu’il apprend à protéger parce qu’il a aidé à les planter et qu’il adore voir le résultat de ses efforts.
Vous trouvez que ce n’est toujours pas assez concret? Prenons un exemple: Jean rentre de l’école, plein d’agressivité. Tous les jours, il claque la porte, n’enlève pas ses chaussures sales, lance son cartable n’importe où et a ainsi cassé des objets et blessé sa petite soeur. La mère, excédée par ce comportement, a tout essayé (gifler, priver de dessert, de sorties avec les copains, de télé pour le reste de la journée), sauf dire ses sentiments à Jean, à un moment calme: son plaisir de voir son grand garçon arriver, son envie de lui donner un bisou et son désarroi de ne pas savoir comment s’adresser à un enfant qui entre en donnant des coups de pied et de poing. Elle peut constater que Jean semble fâché en arrivant et l’inviter à dire ce qui l’énerve. Même s’il répond « J’sais pas! », il aura senti que l’on peut en parler. Elle pourra également lui dire qu’elle a besoin de protéger la petite soeur et réfléchir ensemble avec lui à une autre façon de se défouler.
Il faut parfois chercher longtemps, discuter à plusieurs reprises, essayer différentes solutions jusqu’à ce que le comportement devienne tolérable. Pendant tout cet exercice, l’enfant fait un apprentissage: il ne peut pas faire n’importe quoi, il y a des règles à respecter, des personnes et des objets à protéger, et il doit sentir qu'il n’est pas condamné. Ses parents lui confirment sa capacité à s’améliorer et sont prêts à l’aider.

Eva Kaenzig
Communauté romande des Ecoles des parents
Groupe Média

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