ARCHIVES (1998)

Coupable, non-coupable

« Pédophilie », c’est affreux à dire, mais c’est un sujet à la mode ces dernières années. Tout cela devient de plus en plus choquant et malheureusement surtout depuis que cela se rapproche de chez nous. Lorsque finalement il s’agit d’un membre de notre famille ou d’un ami, alors cela devient dramatique... « Cela pourrait être nos enfants! » et tout à coup, on réalise que le problème est très sérieux.

Je crois qu’il n’est pas nécessaire de débattre sur l’immoralité de la pédophilie. Je voudrais juste m’exprimer en tant que mère connaissant bien quelques éducateurs et responsables de jardins d’enfants, en fait, toutes ces personnes qui ont tant de choses à donner aux enfants, tous ceux qui sont, en majorité, de bonne foi (ne l’oublions pas).

Je pense:
- A mon père qui, un jour, m’a dit: « Tu sais, si un jour ta fille a un problème à une partie intime, je n’oserai pas m’en occuper. Si grand-mère n’est pas là, j’irai directement la faire examiner par un médecin... ».
- Au jeune homme jardinier d’enfants: « Je me sens mal à l’aise, je n’ose presque plus apprendre à un petit garçon de 2 ans comment on s’y prend pour faire pipi... ».
- A une maman de jour: « J’ai peur que mes gestes d’affection, pourtant naturels, soient mal interprétés par le regard des autres... ».
- A la mère divorcée: « Je me demande ce que peut bien faire mon ex-mari avec notre fille, alors qu’il n’a même pas de chambre réservée pour elle?!? ».
Et moi-même, j’en arrive à me poser la question: « Est-ce normal de rigoler avec mon fils (âgé de 15 mois) lorsqu’il tire sur son zizi pour s’amuser? ».

Il est vrai que l’on doit être attentif, parler dès que possible à nos enfants pour qu’ils soient capables de réagir face à une situation délicate, qu’ils se sentent en sécurité et qu’ils aient le courage de nous parler au moindre petit malaise, sans pour autant les inciter à refuser la tendresse de leurs proches ou à se méfier sans raison de tout le monde. Mais essayons quand même d’être spontanés sans nous sentir coupables.

Nathalie

A lire avec ses enfants:
- « J’ai peur du monsieur » écrit par Virginie Dumont, illustrations de Madeleine Brunelet, éd. Actes sud junior, dès 8 ans.
- « Lili a été suivie » écrit par Dominique de Saint Mars, dessins de Serge Bloch, éd. Calligram.
N.B.: ce livre fait partie d'une collection de plusieurs titres du même auteur, différentes situations de la vie enfantine y sont décrites, Lili est le personnage féminin, Max (son frère) est le personnage masculin (par exemple: « Lili se trouve moche » ou « Max et Lili se sont perdus »).

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© Entretiens sur
l'Education, 2000