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(1998)
Sacré
chèvrefeuille, va!
Quand
je pense à tous les espoirs que javais fondé
sur lui! Cétait un petit arbuste bien fourni, déjà
feuillu, avec de nombreuses tiges agrippées à un tuteur
central. Tout de suite je me suis mise à imaginer des promesses
de floraison abondante. Il me semblait que je humais déjà
son parfum envoûtant si particulier.
Je lui avais préparé un espalier solide pour que ses
futures branches puissent sy accrocher. Dès les premiers
beaux jours, jallais assister au déploiement dun
épais feuillage et des premiers bourgeons de fleurs.
Eh bien, pas du tout! Rien nest arrivé de ce que javais
imaginé. La bouture na nullement apprécié
les conditions que je lui avais préparées. Elle a
trouvé quil faisait beaucoup trop chaud sur mon balcon.
Elle sest mise à perdre ses feuilles les unes après
les autres. Et les nouvelles tiges, au lieu de grimper comme je
lavais décidé, se sont obstinées à
viser le sol et à pendre lamentablement.
Je suis confuse. Je dois reconnaître que mon enthousiasme
du départ sest trompé de cible. Jaurais
peut-être bien fait de me renseigner au sujet des particularités
de cette plante. Au lieu de la fourrer en plein soleil, je lui aurais
préparé une niche à lombre où
elle puisse se gorger dhumidité.
Jaime tant le soleil. Le chèvrefeuille, lui, pas. Comment
ai-je pu perdre de vue à quel degré les besoins des
êtres vivants différent?
Marguerite Loutan
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