ARCHIVES
(1998)
Moi
tout seul
« Tu
pars en Italie?
Ah, mais jai une amie qui habite à Rome, tu sais, Caroline,
et son fils a juste ton âge. Je vais te donner leur adresse
et les prévenir de ton passage là-bas. »
« Tu vas à Londres pour deux mois?
Il faut que tu téléphones à tante Jacqueline
dont les enfants... »
Combien de fois ai-je donné à mes enfants des noms
et des adresses de familles, amis ou amis damis, qui habitaient
là où ils allaient faire un séjour ou un stage!
Je pensais que je leur rendais service, et quils augmenteraient
lintérêt de leur voyage par ces rencontres que
je pouvais leur suggérer.
Eh bien non! Encore maintenant ils partent avec mes petites listes
dans leur poche et les oublient - volontairement peut-être
- dès quils ont passé la porte.
Réactions probablement typiques de mère et de jeunes
adultes! Est-ce chez moi la peur de linconnu, le désir
de les rattacher à moi par ce mince fil dune connaissance
commune, peut-être aussi lenvie de participer un peu
plus à leur vie? Est-ce chez eux la timidité de sannoncer
à des inconnus, ou le besoin de créer seuls leurs
propres liens, en évitant dutiliser des références
familiales? Cela me fait penser aux goûters dautrefois
avec les enfants de mes amies - la plupart du temps cela ne marchait
pas - les enfants voulaient choisir eux-mêmes avec qui ils
allaient jouer.
Je regrette ce parti-pris décarter à priori
ces rencontres proposées, qui pourraient être aussi
intéressantes que les autres.
Alors? Alors je nai pas abandonné. Je continue à
leur donner des adresses et à annoncer leur passage éventuel
à mes connaissances lointaines. Au moins cela leur servira
peut-être un jour en cas durgence.
Christiane
Vandeventer
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