ARCHIVES (1998)

Les devoirs, entre goûter et jeux

Que de souvenirs me reviennent de ces moments où les enfants se mettaient au travail autour de la table de la cuisine.
Mais d’abord il y avait le goûter, respiration sacrée, que dis-je, sucrée et réparatrice où les langues se déliaient, où les petites et grandes histoires de la journée se racontaient, où quelquefois aussi les chagrins, les frustrations s’exprimaient. Si je n’étais pas toujours là à midi, je voulais en tous cas être présente à 4 heures pour les entendre et d’une certaine façon « prendre le pouls de la journée ». Avec le recul, on a tendance à enjoliver le passé, mais je puis quand même affirmer que ces retours de l’école l’après-midi étaient parmi les bons moments du vécu familial. Bien sûr, vint aussi le temps où les filles montaient directement dans leur chambre pour s’y enfermer avec leur musique et leurs secrets!
Donc une fois le moment délicieux du goûter terminé il fallait passer aux choses sérieuses! Les devoirs. Toujours installées à la cuisine (pas bien grande), elles étalaient leurs cahiers et livres sur la table et recopiaient leurs mots, remplissaient les fiches, faisaient leurs calculs. Se joignaient à nous quelquefois d’autres enfants du quartier qui venaient partager le goûter puis faire les devoirs. D’un oeil et d’une oreille, je suivais les opérations, tout en préparant le souper ou en lisant le journal et restais disponible pour répondre aux questions. De temps à autre on partait dans une explication plus longue, voire une discussion, mais comme Julie le précise, je ne devais pas servir de dictionnaire ambulant, ni marcher sur les plates-bandes de l’enseignant. Quelquefois ce n’était pas facile, car je ne comprenais pas toujours les nouvelles méthodes d’enseignement et de raisonnement et trouvais que les miennes étaient bien plus valables!
Ce qui m’a semblé le plus important pendant cette période du primaire, c’était de faire comprendre aux enfants qu’il y avait un temps pour chaque chose. Nous avions choisi de glisser les devoirs entre le goûter et les activités récréatives. Un rituel s’était instauré pendant ces années où horaires et activités extra-scolaires n’étaient pas encore trop chargés.
Chaque fille développa sa manière de travailler selon ses aptitudes et son tempérament. L’une d’entre elle se prit en charge complètement dès la 6ème primaire et jusqu’à sa maturité. « Je m’assume et ne veux ni que vous me fassiez réciter ni que vous contrôliez si les devoirs sont faits! ». Elle tint parole et … nous aussi après quelques tentatives de révision de vocabulaire d’allemand qui s’étaient transformées en combats mémorables. Dès le cycle d’orientation avec sa charge de travail plus importante et avec l’apparition des humeurs adolescentes, les devoirs se firent tout naturellement dans les chambres respectives, dans des conditions souvent plus que discutables et à des heures indues! ! ! Mais cela, c’est une autre histoire! ! !

Françoise

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