ARCHIVES (1998)

Où il est question de vol...

C’est l’histoire d’un petit Julien qui avait envie d’un animal vivant. Il y eut d’abord un chat, qui disparut un jour mystérieusement. Puis un lapin... Quelle joie au début... puis quel ennui quand il fallait nettoyer toutes les crottes qui remplissaient sa cage. En plus, la nuit, il faisait tout le temps du bruit. Et il réveillait Julien très tôt. On décida de le ramener au magasin. Il y eut aussi un oiseau dans une jolie cage trouvée « aux puces ». Un jour, il s’est envolé pour ne jamais revenir.
Notre petit garçon ne fut pas découragé pour autant. Un jour qu’il avait été au parc après l’école avec des copains, il ramena plusieurs tritons avec leur magnifique ventre jaune orange. Il les avait attrapés à la main dans le petit ruisseau à côté de la mare. On le félicita beaucoup pour son adresse, mais le soir on lui expliqua qu’il fallait remettre les tritons dans leur milieu naturel. Ils seraient plus heureux dans la rivière, et puis d’ailleurs ces tritons ne nous appartenaient pas! Ce fut un gros chagrin pour Julien, mais bien sagement, avec son papa, il remit les tritons là où il les avait pris.
Pour le consoler, sa maman lui permit de prendre quelques têtards. On téléphona à la tante biologiste qui expliqua comment il fallait les nourrir avec des orties sèches. Ce qui fut fait, et les têtards se transformèrent peu à peu en magnifiques petites grenouilles vertes! Un nouveau chagrin guettait notre Julien... Sa mère lui expliqua qu’on allait remettre les grenouilles dans la mare, et qu’elles seraient plus heureuses en liberté.
A partir de ce moment Julien décida qu’on ne l’y reprendrait plus. Dans sa petite tête, l’idée germa d’aller chercher des poissons rouges dans la mare du parc et de les cacher. Comme il était très habile, ce fut rapidement fait. Il ramena un beau couple de poissons rouges qu’il mit dans un bocal qu'il descendit à la cave. Son ami André lui vendit pour quelques sous de la nourriture à poissons. Chaque jour bien consciencieusement il allait changer l’eau et les nourrir...
C’était très excitant pour lui, mais le secret était un peu lourd à porter, car à tout moment il craignait que sa mère ne découvre la cachette.
Tout se passa bien pendant plusieurs semaines jusqu’au jour de Pâques, où Julien fut invité chez sa grand-mère pour quelques jours. Les ennuis allaient commencer, car comment transporter en cachette les poissons? En fin malin, Julien trouva une solution. Le pot aux roses, néanmoins, fut découvert par la grand-maman: « Oh! comme ils sont mignons, ces poissons rouges! ». A ce moment arriva la maman de Julien. A voir la tête de son petit garçon elle devina tout. Elle gronda, parla de vol et fit plein de morale, mais tout en séchant les larmes de Julien on sentait bien qu’elle avait une certaine admiration pour son fils!
Il fut décidé qu’on irait remettre les poissons dans la mare, puis qu’on irait acheter des poissons rouges au magasin.
Fallait-il agir ainsi? Voilà la question. C’est vrai que l’enfant doit apprendre à ne pas prendre ce dont il a envie et ce qui ne lui appartient pas. Mais pour un petit garçon, les poissons rouges appartiennent à tout le monde, et lui fait justement partie de « tout le monde ». Le plaisir était plus d’attraper les poissons que de les posséder.
L’histoire ne nous dit pas si les poissons rouges furent plus heureux dans la mare, ni si Julien est heureux avec ses nouveaux poissons.

Maude

P.S.: Pour la petite histoire, après le séjour de Julien, sa grand-maman trouva sous le lit du petit garçon un grand bocal avec un lézard vivant...

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