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(1998)
Arc-Echange
A
comme Accueil
R comme Rencontre
C comme Contact
Des russes, tunisiennes, libanaises, rwandaises, françaises,
espagnoles, portugaises, plusieurs suissesses, dont quatre jeunes
mères sourdes-muettes se retrouvent chaque jeudi dans une
salle paroissiale d’un quartier de la ville, avec leurs enfants
pour les célèbres « Café Contact »
mères-enfants organisés par les Unions Chrétiennes.
Imaginez tout ce monde autour d’une grande table garnie de
café, thé, sirop et croissants frais. Les enfants,
tous de moins de 6 ans, beaucoup de bébés timides
au début se défoulent bien vite sur les tapis et peuvent
jouer avec une quantité de jouets qu’ils sortent de
grandes boîtes. Il y en a de toutes sortes, des puzzles, des
plots, des legos, des animaux, des petits chars, etc... Tout le
monde y trouve son compte.
Quelle émotion pour nous les accueillantes de voir les progrès
que nous observons chez certains enfants semaine après semaine:
la timide qui ne quittait pas les genoux de sa mère, qui
peu à peu se détend, observe, prend confiance... celle
qui donnait des coups à tout le monde, celui qui joue toujours
avec le même animal, celui (issu d’une famille bilingue)
qui n’articule que des sons pour se faire comprendre, et que
dire des enfants des couples sourds-muets qui imitent leurs parents
en faisant moult gestes et des cris rauques.
Et les mères? Certaines, comme les deux russes, ne savent
pas un seul mot de français. Elles sont avides d’apprendre,
répètent après nous les mots. Elles ont aussi
besoin d’attention. Tout ce petit monde se développe
peu à peu, les amitiés entre jeunes mères se
découvrent, elles s’aident mutuellement, se passent
des « trucs », des adresses de médecins,
de magasins. C’est une parenthèse dans leur vie de tous
les jours, un temps pour elles aussi.
Bientôt juin arrivera, beaucoup d’enfants vont nous quitter
pour aller à l’école. Grâce à Arc-Echange
le choc sera moins grand. Mais avant les vacances a lieu une grande
fête qui consiste en un repas canadien, où chacune
apporte une spécialité de son pays, ou un plat qu’elle
aime faire. On discute couscous, on se passe des recettes. Ce monde
en miniature, 26 enfants ce jour-là, nous quitte pour les
vacances. Certaines mères nous promettent de revenir nous
dire bonjour. Pour nous les accueillantes voilà un temps
de repos en attendant le mois de septembre avec une nouvelle « cuvée »...
Maude
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