ARCHIVES (1998)

Allaiter, un choix qui se prépare

« Pas toujours facile d’allaiter » titrait un journal dans sa page santé il y a quelques mois. Puis, plus tard, une connaissance du planning familial me disait que les jeunes femmes trouvaient compliqué de nourrir leur bébé au sein et que surtout, dans les maternités elles ne se sentaient pas assez encouragées à le faire. Quel dommage et quel gaspillage!
On sait que le lait maternel est l’alimentation la mieux adaptée au nourrisson, contenant aussi des substances protectrices contre les infections et les allergies, par exemple. Il est toujours à la bonne température, stérile, économique et facilement accessible en toutes situations. De plus, pour la mère, l’allaitement favorise la remise en forme de l’utérus et protège contre le cancer du sein. L’essentiel enfin est qu’il représente un moment privilégié de la relation mère-enfant pendant lequel tant de choses se transmettent par la chaleur, le toucher, l’odeur dans une atmosphère de sensualité et de jouissance réciproque.

Des seins en forme!
L’allaitement est une fonction aussi naturelle que celle de l’accouchement, me semble-t-il. Et si aujourd’hui, grâce aux moult cours dispensés par des sages-femmes expérimentées, une future mère vit son accouchement sans trop d’appréhension, elle devrait au même titre être préparée à l’allaitement et ceci bien avant la naissance. Encore à l’abri du fameux « blues » des accouchées, des bobos physiques un peu gênants parfois, et surtout des visites souvent envahissantes, la future maman est à ce stade de la grossesse au mieux de sa forme.
Parlons-en de « ses formes ». Si elle est souvent fière d’arborer un ventre rebondissant, elle l’est un peu moins de ses seins gonflés qui se pigmentent, deviennent presque bleus par endroit et se transforment tout au long des derniers mois. Les soutien-gorge commencent à serrer et il faut prévoir de passer de la taille B au C, voire au D et même, dès son retour à la maison, à l’achat de ces espèces de machins à allaiter peu flatteurs, mais fonctionnels! Tout rentrera dans l’ordre après plusieurs mois, lorsque les hormones seront stabilisées et l’allaitement bien en route, et les seins reprendront leur taille d’avant et quelquefois même diminueront.
Les seins des femmes ont été conçus pour cette fonction de l’allaitement et c’est en cela qu’ils sont devenus des objets d’attraction sexuelle. En effet, l’homme, selon les dernières recherches, a toujours été plutôt attiré par des corps de femmes promises à la maternité dont les formes représentent la fertilité que par des corps aux formes effacées, totalement fabriqués par les magazines et pour les couturiers.

De petits trucs
De petits trucs peuvent aider les femmes à préparer leurs seins à l’allaitement et à renforcer, par exemple, la peau des tétons. Les mouvements de succion du nourrisson sont assez violents et exposent mamelons et tétons à des tractions fortes auxquelles ils ne résistent pas toujours, développant des crevasses et blessures. Pour éviter ou diminuer ces risques, il est possible de fortifier le téton plusieurs semaines avant la naissance en le frottant régulièrement avec un linge éponge rugueux ou en le tirant 10, 20 jusqu’à 50 fois chaque jour en prenant sa douche. Ainsi on simulera la traction exercée par le bébé en fortifiant la peau et on se préparera aussi à la douleur de la tétée qui surprend au début. Pour épargner encore le sein, il sera aussi important de ne pas laisser téter trop longtemps le bébé sachant qu’il prend l’essentiel dans les cinq premières minutes et qu’après c’est plutôt le plaisir de « mâchouiller » qui le retient.

A la demande avec discernement!
Le réflexe de succion du bébé, bien qu’inné, doit être stimulé, et c’est pourquoi il est indispensable qu’il soit mis au sein dans l’heure qui suit l’accouchement. Le premier lait, liquide jaunâtre et un peu épais ou « colostrum » est une substance des plus riches et le lait qui arrive trois jours après variera en couleur et en composition au fur et à mesure des besoins et de la croissance du bébé. Je pense que nourrir à la demande est une bonne solution, car cela stimule la lactation et évite les engorgements et infections des seins si douloureux qui sont pour beaucoup de femmes une bonne raison de passer au biberon. A la demande ne veut pas dire donner le sein toutes les heures, mais rester flexible pendant les premières quatre à cinq semaines et apprendre à distinguer le vrai besoin de l’enfant. Il se peut qu’il ait simplement soif s’il fait très chaud, alors un peu d’eau donné à la cuillère sera suffisant pour le calmer. On devrait éviter d’utiliser le biberon au début, plus facile à téter et auquel le bébé s’habituerait vite et qui risquerait de lui faire refuser le sein par la suite.

Trouver la bonne position
Un autre problème qui surgit lors de l’allaitement et qui peut décourager nombre de mamans est la mise au sein proprement dite. Il arrive que le bébé ne veuille pas spontanément sucer et qu’il cherche le téton, s’énerve, la maman aussi et le lait ne vient plus. Pour que les repas au sein se passent dans de bonnes conditions, il faut que la mère et l’enfant trouvent une position qui leur convienne aux deux et dans laquelle ils soient détendus. Au début et avec mon premier enfant, je m’allongeais de côté levant le bras, prenant ma fille aussi couchée de côté contre moi et je mettais le sein et le téton dans sa petite bouche. Après avoir bu l’essentiel, elle s’endormait et moi aussi parfois!! C’est là que mon mari intervenait, la prenant doucement et la couchant dans son lit, ou si elle se réveillait, la changeait et la berçait pour la rendormir. Cette manière de faire donne confiance et surtout repose la maman qui en a bien besoin. Elle suppose également qu’au retour de la maternité les deux parents soient disponibles un certain temps, et réserve ainsi une place indispensable au père qui pourrait se sentir exclu de la symbiose mère-bébé pendant l’allaitement. Plus tard, lorsqu’on a pris l’habitude et que le bébé tète bien, on peut allaiter assise... et même debout pour un petit en-cas!
Avoir envie de nourrir son enfant au sein et prendre le temps sont les clés de la réussite de l’allaitement, et c’est en général après deux mois environ que des horaires réguliers se mettent bien en place et que les tétées deviennent presque un jeu d’enfant! Alors, je vous encourage à partager cette belle aventure pendant au moins 3, 6, 9 mois, voire une année, comme je l’ai vécue moi-même pour mes trois filles.

Françoise

Aides diverses:
- A la maternité, ne pas hésiter à demander aux sages-femmes.
- Cours de puériculture de la Croix-Rouge Genevoise, tél. (022) 342.40.50.
- Arcade Sages-Femmes, bd Carl Vogt 85, Genève, tél. (022) 320.55.22.
- Naissance active, ch. Rieu 20, Genève, tél. (022) 347.21.22.
- Ecole des Parents, Genève, tél. (022) 733.12.00, Groupe pour l’allaitement maternel, permanence gratuite le dernier mardi de chaque mois de 15 à 17 h.

Livres:
- « L’allaitement » de Marie Thirion, éditions Albin Michel.
- « Allaitement », brochure Unicef, case postale, 8050 Zurich.
- « Le livre de l’allaitement maternel », C. Clark.

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