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(1999)
Une
histoire de tarte aux pommes
Quand
nous étions une grande famille autour de la table et qu’il
fallait partager la tarte du dessert en huit, c’était
facile, en douze aussi; cela se compliquait avec les nombres impairs.
Un jour, une amie « psy » qui assistait à
notre repas me dit que je faisais bien des histoires pour découper
mon gâteau équitablement. Au contraire, en taillant
des parts inégales et les distribuant sans état d’âme,
j’avais là une façon bien concrète d’apprendre
aux enfants qu’hélas, l’injustice existe.
Me disant que la « psy », bien informée,
en savait plus que moi, j’ai tenté l’expérience
un dimanche soir où la tarte aux pommes embaumait la maison.
Malheureuse, qu’avais-je déclenché là!
Un repas fichu, des regards triomphants de certains sur l’assiette
du voisin qui n’avait reçu qu’un petit morceau,
des larmes, des colères. Bref, ma tentative pour démontrer
la difficulté d’instaurer la justice n’avait pas
convaincu mes enfants, déjà malmenés par la
vie et soucieux à un point inouï de l’égalité
pratiquée en famille dans tous les domaines (soins, attention,
amour témoigné, etc.).
De toute façon, il ne faut jamais partager un gâteau
en parts honteusement inégales.
La tarte aux pommes, c’est sacré.
Denyse Sergy
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