ARCHIVES (1999)

Que dire, que faire:
nous divorçons, quelle place pour l’enfant ?

Ce sujet me concerne puisque j’ai divorcé et ai élevé seule mon aîné de l’âge de 3 ans jusqu’à 8 ans environ.
Ma vie a pris un tournant à partir du moment où j’ai décidé de me séparer de mon mari. Je voulais sortir de la dépendance affective, devenir responsable de moi-même et élever mon fils. Je ne pouvais pas imaginer passer ce cap en restant mariée, ceci pour diverses raisons que je ne veux pas développer ici et qui concernent toute ma vie et pas
seulement ma vie de couple.

La séparation

Il y a de cela bien des années j’ai quitté ma maison avec mon fils, je suis retournée dans mon canton d’origine et j’ai trouvé facilement un appartement et un emploi (car à cette époque cela pouvait se faire). Pour mon enfant la vie changeait: il se retrouvait en crèche à 100 %, il me voyait le matin et le soir. Quant à son père il ne le voyait plus qu’un week-end sur deux et la moitié des vacances. Dans un premier temps il s’est bien adapté à la crèche, puis il a été malade (ce qui ne lui était pas arrivé auparavant, par manque de contact avec des groupes d’enfants) et j’ai trouvé une famille, à côté de chez moi. Celle-ci était accueillante et chaleureuse et elle avait l’avantage d’être souple avec les horaires.
Restait la grande question: comment partager l’éducation de notre enfant? Comment celui-ci pourrait-il se repérer entre nos deux façons de faire? Il a dû les apprendre. Il a posé des questions et nous y avons répondu, chacun pour celles qui nous concernaient, sans répondre à la place de l’autre parent. Nous avons montré nos différences et aussi ce qui était commun.

Les questions
Notre fils nous a interrogés sur le motif de notre divorce. Chacun de nous lui a répondu. Pour ma part je lui ai transmis que je me sentais responsable de la décision de la rupture.
Tout était bien dans le meilleur des mondes? Non, pas vraiment. Il nous restait une montagne de ressentiments et comment faire pour que notre fils ne soit pas envahi par cela? Je ne peux que répondre pour moi à ce sujet. Je me suis raccrochée à quelques règles de conduite que j’ai essayé d’appliquer: valoriser le père et son rôle, informer le père de tout événement concernant l’enfant, être tolérante aux retours des week-ends. Le plus difficile était de me taire quand mon fils revenait. Les horaires n’étaient pas toujours respectés, le rythme de vie était chamboulé et il fallait deux ou trois jours pour le rétablir, les habits étaient bien souvent sales, les chaussures aussi. Mais si je regardais notre fils je voyais qu’il était content. Bien sûr il se plaignait mais cela ne durait pas.

De l’un à l’autre
Petit à petit j’ai repéré que c’était du passage de l’un à l’autre dont il se plaignait. Il nous testait aussi pour voir si nous allions reprendre notre conflictualité (et parfois c’était à deux doigts). Bref, il nous éprouvait et c’était pour nous l’occasion de dépasser nos anciens schémas et de tenter de nous occuper des besoins de notre enfant souffrant de la séparation. Au fur et à mesure que le temps passait j’ai réalisé que son père s’en occupait bien. Il faisait beaucoup de choses avec lui, des excursions, du sport, des activités différentes des miennes, je voyais cela en terme de chance et à tout cela je pouvais dire ma satisfaction.

L’école
A l’arrivée à l’école notre fils a rencontré quelques difficultés. J’en ai parlé avec son père et chacun de notre côté nous avons insisté pour qu’il prenne au sérieux les apprentissages. Cela n’a pas tout résolu, mais il a entendu notre souci et, tout au long de ses études, nous l’avons soutenu moralement ainsi que par un appui scolaire
extérieur.

L’apaisement

Depuis le moment des difficultés scolaires de notre enfant, comme parents, nous nous sommes retrouvés en alliance pour notre enfant et les ressentiments ont été mis de côté définitivement. De plus, chacun de nous a refait sa vie et d’autres enfants sont nés.
Pour ma part, notre enfant a pu, a dû composer avec ses deux familles. Il a essayé de les comparer, de les faire changer et il y a réussi une fois ou l’autre comme dans toute famille constituée.
Son père et moi sommes redevenus amis grâce à notre fils. C’est lui qui nous a appris à renouer le dialogue et à faire des concessions.

Claudine

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