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(1999)
Hépatite
B
Vous
avez sûrement entendu parler de la vaccination contre lhépatite
B. Certains cantons ont lancé une campagne de vaccination
chez les jeunes adolescents, alors quen France elle a été
suspendue par Bernard Kouchner.
Que faire, qui croire, est-ce dangereux, est-ce utile? Il est bien
difficile de se faire une opinion...
Lhépatite B est une maladie virale qui se transmet
par le contact sanguin, par le sperme, les sécrétions
vaginales et peut-être la salive. Elle sattrape donc
comme lhépatite C et le SIDA, par transmission sexuelle
ou par le sang. Mais il y a une différence très importante,
le virus de lhépatite B, au contraire du virus du SIDA
ou de lhépatite C est très résistant,
cest-à-dire que même exposé à lair
pendant plusieurs jours, le virus reste actif, alors que le virus
du SIDA est rapidement détruit. Cest pour cela que
le risque dinfection après un contact avec le virus
est très grand.
Lorsquune
personne est infectée par le virus de lhépatite
B, la maladie se déclare de trois manières différentes:
- elle peut passer totalement inaperçue, mais la personne
infectée est contagieuse,
- elle peut se déclarer comme une grippe, et donc ne pas
être reconnue comme telle,
- elle peut provoquer une atteinte du foie, donc une hépatite,
qui peut soit guérir, soit devenir chronique avec un risque
de cancer.
Un
des arguments utilisés par les adversaires de la vaccination
est que seule une partie des personnes infectées développe
une hépatite chronique et éventuellement un cancer,
ce qui constitue une menace de moindre importance comparée
à une contamination par le virus HIV (SIDA); mais est-ce
une raison valable pour ne pas se prémunir?
En France il a été supposé que le vaccin contre
lhépatite B pouvait déclencher la sclérose
en plaques. La polémique a été provoquée
suite à la déclaration de cette terrible maladie chez
deux infirmières qui avaient été vaccinées
peu de temps auparavant. Des études très sérieuses
effectuées sur un grand nombre de personnes ont démontré
que la menace de sclérose en plaques était identique
chez les sujets vaccinés que chez les personnes qui nont
pas été immunisées. Les milieux médicaux
peuvent donc en déduire que le développement de ce
mal nest pas lié à la vaccination. Par contre,
le risque dêtre contaminé par le virus de lhépatite
B et de développer une maladie grave, bien quil touche
relativement peu de cas, existe bel et bien! La vaccination se fait
chez les pré-adolescents, qui pensent plus à jouer
au Lego quà sortir en boîte, ce qui peut sembler
prématuré, mais si les jeunes ne sont pas vaccinés
assez tôt, il sera peut-être trop tard!
Il est important de rappeler à nos enfants quun vaccin
ne remplace pas la prévention; cela peut être loccasion
de leur redire quils doivent se protéger lors des relations
sexuelles. Quune vaccination contre une maladie ne les prémunira
que contre celle-ci. Le danger ne sappelle pas seulement SIDA
ou hépatite, mais il existe de nombreuses maladies sexuellement
transmissibles (MST), qui se soignent mieux quautrefois, mais
ne sont pas anodines (la syphilis existe toujours!). Noublions
pas les risques de transmission chez les toxicomanes où la
contagion se fait par contact sanguin, prêt de seringues,
etc.
Est-ce utile de se faire vacciner, alors quil faut de toute
manière se protéger? Je pense que oui, car comme je
lai dit plus haut, le virus de lhépatite B se
détruit difficilement, ce qui augmente le risque et surtout
cela permet déliminer une menace parmi dautres,
ce qui nest pas négligeable. Ce nest pas parce
quon a un air-bag dans sa voiture quil ne faut plus
sattacher! Pour la vaccination, il en va de même.
Laurence (pharmacienne)
Pour
de plus amples informations, consultez le dossier « Réponses
aux questions les plus fréquentes » paru dans le magazine
« Médecine & Hygiène » du
2.9.98 (case postale 456. 1211 Genève 4). L'auteur, le Dr
C.-A. Siegrist, travaille au Centre OMS de vaccinologie et d'immunologie
néonatale (CMU de Genève).
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