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Parce que les bonbons, c’est tellement bon...

Une fois par semaine depuis la naissance de l’aîné, les grands-parents paternels d’Eric (10 ans) et Arnaud (7 ans) sont attendus pour un repas familial. A la retraite depuis bien longtemps, Papi et Mamie occupent un petit appartement dans le 9ème arrondissement, à 25 minutes en métro de la verte banlieue où habitent leur fils unique, son épouse et leur descendance chérie.
Aujourd’hui c’est samedi et fidèlement Papi et Mamie sont au rendez-vous, pile à l’heure. Et, comme tous les samedis, ma cousine Léa voit arriver ses convives avec, porté triomphalement sur le coeur de sa belle-mère, l’énorme et éternel paquet de friandises multicolores qu’elle offre systématiquement à chaque visite. Enveloppées dans de chatoyantes couleurs métallisées, les douceurs brillent et scintillent à travers le sachet transparent, faisant saliver à l’avance les deux garçons.
Seulement voilà, ce cadeau hebdomadaire n’est plus le bienvenu aux yeux de Léa, qui, à plusieurs reprises déjà, a prié ses beaux-parents de changer d’habitude. Afin d’éviter de détestables conflits entre belle-mère et belle-fille, Léa souhaite que la démarche vienne de son mari, mais ce dernier hausse les épaules en répliquant « Ce n’est pas grave, tu vois bien que ça part d’une bonne intention ».
Soit, il ne l’aidera pas, mais cette fois Léa en a assez. Ce n’est pas faute d’avoir invoqué les dégâts dentaires que causent ces sucreries, sans parler du manque d’appétit qui régulièrement fait dire au plus jeune « j’ai pas faim » alors que dans ses poches il y a une multitude de jolis petits emballages polychromes qui vous collent aux doigts lors de chaque lessive.
Aussi, lorsque ce jour-là le gros paquet de bonbons est tendu au plus jeune, Léa l’intercepte et devant les yeux médusés de sa belle-mère, le balance - ni une ni deux - dans la poubelle la plus proche. Tel un courant glacial, ce geste fige l’atmosphère et un pesant silence s’installe pour le reste de la journée.
Le brouillard met beaucoup de temps à se dissiper. Il n’y a plus de bonbons le samedi suivant, mais pas de Papi-Mamie non plus! Le fils unique reproche à sa femme d’avoir rompu une certaine routine qu’il jugeait harmonieuse mais, selon Léa, qui lui donnait surtout bonne conscience.
Un jour, un anniversaire a fait revenir les grands-parents avec une magnifique voiture télécommandée. Puis, petit à petit, le temps d’une cicatrisation morale, les repas du samedi ont repris. Un arrière petit goût amer remplace les bonbons.

Jenny

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