ARCHIVES (1999)

Quand mère et fille se ressemblent trop,
un peu, pas du tout...

Ah! Obsession de la comparaison, quand tu nous tiens! Adieu, les belles théories d’une mère avertie qui sait que sa fille est une personne à part entière différente d’elle... Non, c’est plus fort que moi, je la compare à moi, à ce que j’ai vécu petite, et mes réflexions deviennent incontrôlables...

Trop
Quand j’observe certaines réactions de ma fille dans des situations difficiles, j’ai comme une angoisse: elle me ressemble trop! J’aimerais qu’elle se comporte différemment afin qu’elle se sente mieux. Je voudrais qu’elle comprenne très vite ce que j’ai saisi plus tard. Bien évidemment, ce n’est pas possible, même si je lui donne des pistes, et cela m’agace. J’ai lutté contre certains de mes handicaps et j’ai l’impression de régresser, de les revivre si je vois ma fille tomber dans les mêmes « pièges », tels la timidité, la peur du regard des autres, la difficulté de s’intégrer dans des grands groupes, de se défendre oralement contre des agressions, etc. Bref, tous ces petits ou grands défauts qui sont tout à fait normaux.

Un peu
Par contre, j’aimerais la voir vivre exactement les mêmes expériences heureuses de mon enfance! Quand il a fallu lui choisir un cours extrascolaire, je me suis souvenue que, enfant, je faisais de la danse. J’habitais dans un village et la maîtresse de danse montait souvent des spectacles lors des fêtes communales. J’ai beaucoup aimé ces représentations. J’espérais donc trouver une activité pour ma fille qui lui offre les mêmes opportunités. J’avoue ne pas avoir réfléchi au fait qu’être sur scène ne lui correspondrait peut-être pas du tout. Nous avons eu de la chance. Elle suit des cours de cirque, présente des spectacles lors des fêtes de quartier et elle apprécie énormément.

Pas du tout
Mais, il y a un domaine où ma fille ne me ressemble pas du tout et, du coup, cela m’a posé des problèmes. J’ai toujours été une fille qui avait une amie à la fois. Une seule, mais quelle amie! Nous étions fidèles, toujours ensemble, aventurières et complémentaires. Lorsque, à cause d’un changement de degré scolaire ou de déménagement, nous ne nous voyions plus, nous étions très tristes, mais assez vite j’en retrouvais une autre, tout aussi irremplaçable.
Ma fille qui a 9 ans n’en a pas encore trouvé. Elle a une amie, mais de temps à autre, elles s’entendent moins bien. Je me suis dit que l’occasion ne s’était peut-être pas présentée. Beaucoup de ses copines ont déménagé au long de ses années scolaires. Elles ne sont actuellement que quatre de son degré dans sa classe. Dans mon for intérieur, j’ai souffert, me demandant ce que je pouvais faire. Je me plaignais du mauvais hasard qui ne lui avait pas offert d’amitié forte.
Un jour mon mari m’a dit à ce propos: « C’est une vraie obsession chez toi. Pourquoi n’y aurait-il qu’une seule manière de faire? » Effectivement, je n’avais pas imaginé une seconde d’autres voies possibles.
J’ai regardé alors ce que vivait ma fille avec un peu de recul: elle n’a pas d’amitié unique, soit. Mais est-ce la panacée, et en a-t-elle besoin? Elle a, par contre, non seulement cette amie avec laquelle elle s’entend bien et sur laquelle elle peut compter, mais aussi beaucoup d’autres copines. Elle est appréciée par de nombreux enfants, garçons ou filles. Elle arrive à s’adapter à des personnalités différentes, plus jeunes ou plus âgées qu’elle. Que de richesses accumulées!
Alors, y a-t-il vraiment toujours besoin de comparer?!!...

Julie

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