ARCHIVES
(1999)
Le
choeur des grands-mères
Cest surtout cet été que les voix de mes amies
grands-mères se sont élevées à lunisson:
« Cétait merveilleux de les avoir tous!
Mais ouf, ils sont partis! Nous allons de nouveau faire ce que nous
voulons, quand nous voulons. »
Il y avait celles qui recevaient à la mer, à la campagne
ou à la montagne les familles complètes, parents,
enfants, copains, chien, hamster et poisson rouge, et celles qui
accueillaient les petits-enfants sans leurs parents qui travaillaient
ou prenaient des vacances en amoureux.
Bien sûr cest une joie de rassembler enfants et petits-enfants,
et on est bien content quils aient envie de venir. Après
tout, ils pourraient préférer aller ailleurs. On ne
les voit pas si souvent, eux-mêmes se voient peu entre eux
et les cousins ne se connaissent pas bien. Cest le moment
de créer ou recréer des liens.
Mais, pour grand-papa et grand-maman, cela représente une
mobilisation totale: distribuer les chambres, décider des
horaires des repas, des menus, faire des montagnes de courses, de
vaisselles, de lessives, tout en tenant compte le mieux possible
des habitudes et des désirs des uns et des autres.
Cest vrai, chacun aide, mais il faut organiser et surtout
essayer doffrir à ces jeunes familles débordées
un peu de temps, un peu de repos. Et puis il est important de se
promener ensemble, de bavarder, de faire des jeux, de lire des livres
aux enfants, tout simplement d'être disponibles pour jouir
de leur présence, en espérant quils sont contents
dêtre avec nous.
Les grands-mères sont unanimes à trouver quil
est plus facile davoir en séjour les petits-enfants
sans leurs parents. Quest-ce que cela veut dire? Il y a moins
dadultes (nos enfants, que nous aimons) pour partager les
responsabilités et les corvées, et cest plus
facile? Eh oui! Cest plus simple, semble-t-il, pour les grands-parents
davoir une autorité totale et non partagée:
ils décident et gèrent la maisonnée à
leur idée, sans avoir à composer avec les modes de
vie de chacun. Les petits-enfants, en tous cas les plus jeunes,
lacceptent sans contestations. Il y a moins de temps pour
faire la sieste, lire, ou voir des amis, mais il ny a pas
de contradictions ni de sensibilités à ménager.
Une conclusion à ces remarques estivales, familiales et ménagères:
réunir ceux que lon aime est un privilège à
cultiver soigneusement. Quelles que soient les contraintes, les
fatigues et les tensions, elles seffacent devant les contacts,
les rires et les joies.
Christiane Vandeventer
Retour
au sommaire 99
|