ARCHIVES
(1999)
Garder
ses petits-enfants
Myriam a toujours été une mère attentive et
qui a eu à coeur délever ses enfants. Durant
de longues années elle a réuni la famille, organisé
des fêtes et a été soucieuse du bien-être
de chacun.
Lorsque ses enfants se sont mariés elle a été
heureuse et elle a accueilli ses beaux-enfants avec respect et bonne
humeur. Puis les petits-enfants sont arrivés et elle sest
proposée de les garder, si bien que chacun avait lhabitude
de les lui confier. Les années passant, elle a dû expliquer
quelle commençait à se fatiguer et quelle
ne les garderait dorénavant quune journée par
semaine, tout en restant disponible pour les « extras »,
cest-à-dire pour les imprévus (par exemple une
maman malade). Tous ses petits-enfants ont apprécié
leurs grands-parents, la maison, le jardin et les parties de cartes.
Les mercredis de cette grand-maman étaient bien occupés.
Un matin, Myriam sest réveillée peu bien, le
soir elle était alitée, dix jours plus tard hospitalisée.
Elle est restée un mois à lhôpital. Une
maladie de longue durée a été diagnostiquée
et, après une convalescence, le retour à la maison
a été envisagé. Elle sest remise tranquillement
et a repris goût à la vie. Bien sûr elle a dû
restreindre ses activités. Comme pour sexcuser, elle
a dit: « Il faut que je reste tranquille maintenant,
le docteur est formel ». Sa vie a complètement
changé, elle garde un bon moral et son mari laide aussi
bien quil le peut. Une jeune dame passe à la maison
pour voir si elle a besoin daide. Myriam se réjouit
de sa venue. Elle lattend, car sa jeunesse lui fait du bien
et les discussions sont animées.
Et les petits-enfants? Ceux qui sont grands passent parfois. Quant
aux petits, ils ne viennent plus. Leurs parents ont été
vexés, ils se sentent lâchés car ils comptaient
sur cette aide. Personnellement je suis déçue de leur
attitude. Je suis convaincue que les liens établis entre
ces grands-parents et leurs petits-enfants étaient bénéfiques
pour les uns comme pour les autres. Je me demande quand ces parents
réaliseront que leur mère (belle-mère) a elle
aussi besoin maintenant dune aide après avoir si longtemps
soutenu toute la famille.
Myriam nen parle pas. Elle garde le sourire. Elle sait quayant
beaucoup donné, elle a beaucoup reçu.
Laurie
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